Ce jeudi 14 Mars 2024, nous accueillons Loïc Marlot pour un séminaire à 13h en salle de conférences au deuxième étage du bâtiment 504.

Les émissions anthropogéniques modernes de gaz à effet de serre ont conduit à une augmentation rapide et sans précédent des températures. Même s’il n’existe pas d’analogue climatique passé strictement identique au changement climatique en cours, les  nombreuses variations climatiques que la Terre a connu au cours de son histoire peuvent nous fournir des informations essentielles concernant la compréhension des changements climatiques à venir.
L’Optimum Climatique de l’Eocène Moyen (MECO), qui a eu lieu pendant le Bartonien, entre 40,5 et 40 Ma, est le dernier événement hyperthermique du Paléogène connu. Il est caractérisé par une augmentation de 4 à 6 °C des eaux de fond et de surface océaniques en lien avec une augmentation de la pCO 2 atmosphérique, ce qui en fait un très bon analogue du réchauffement climatique actuel parmi les hyperthermaux du Cénozoïque. Les caractéristiques du MECO sont bien connues en domaine océanique, cependant, certains aspects de son histoire climatique tels que les variations saisonnières de températures ou les variations des flux sédimentaires à la transition continent océan restent encore peu documentées.
L’objectif de ces travaux a été d’identifier et de caractériser la manifestation climatique du MECO en domaine littoral afin de (1) documenter l’évolution des températures moyennes et du gradient saisonnier de température dans cet environnement, et (2) déterminer la réponse sédimentaire qui lui est associée. 

Pour cela, nous nous sommes intéressés au Bassin de Paris, dont le remplissage sédimentaire est bien connu à l’Eocène moyen et dont le contenu paléontologique extrêmement diversifié et bien préservé constitue un support fiable de l’information
paléoclimatique. Une étude sédimentologique a été couplée a des observations sclérochronologiques et des analyses géochimiques (δ18 O, δ13 C, ∆47 ) sur des mollusques marins afin de reconstruire les variations paléoenvironnementales et paléoclimatiques au cours du Lutétien et du Bartonien.

Le maximum de température observé, interprété comme correspondant au pic de réchauffement du MECO identifié en domaine océanique à 40,2 Ma, se situe dans une phase progradante de comblement d’un estuaire, au début du Bartonien. 
Du point de vue climatique, ces analyses géochimiques ont montré que le MECO est caractérisé en domaine littoral par une augmentation des températures moyennes d’environ 6 °C. Le gradient saisonnier de température est quant à lui passé de 1012 °C avant le réchauffement, à près de 18 °C pendant le pic de température. Du point de vue sédimentologique, le MECO est potentiellement associé à une augmentation des flux sédimentaire, en lien avec une augmentation des précipitations causées par le réchau’ement climatique, venant contrebalancer l’augmentation du niveau marin global.


Ces éléments indiquent que le MECO est bien enregistré dans la partie inférieure du Bartonien du Bassin de Paris et qu’il a un impact à la fois sur les températures et sur la sédimentation en milieu littoral en domaine intracratonique.